Roy Lichtenstein - Une exposition au Centre Pompidou - Paris - du 03/07 au 04/11/2013 - Compte-rendu de visite

 WHAAM!  

Le Centre Pompidou consacre une rétrospective à Roy Lichtenstein qui dévoile l'ampleur de l'artiste, peintre pop et expérimentateur de matériaux.

 
Le pire artiste aux Etats-Unis?
C'est la question que posait le titre d'un article dans le magazine Life en janvier 1964 à propos de Roy Lichtenstein. Après s'être essayé à l'art abstrait durant des années, l'homme s'est lancé dans le pop art en 1961. Le succès est immédiat. En 1962, avant même l'ouverture de son exposition individuelle, ses toiles étaient toutes vendues . En moins de trois ans, Roy Lichtenstein vient de se faire un nom, une réputation, des admirateurs et des détracteurs.



Roy Lichtenstein n'a pas inventé le pop art, qui a émergé au milieu des années 50 en Grande-Bretagne. Il va respecter les principes de ce genre naissant : utilisation d'éléments visuels de la culture populaire (comme l'idole Mickey Mouse), travail avec des produits nouveaux (comme l'acrylique ou la sérigraphie) et reprise des objets de la société de consommation (comme la poubelle à pédale). Ces principes du pop art ont pour but de désacraliser les sujets et la technique "classiques" de l'art. Nous en revenons à la question de Life en 1964 : Roy Lichtenstein est-il un noble artiste ou un pâle copieur de la banalité?
L'exposition au Centre Pompidou permet de replacer l'oeuvre dans son intégralité.

Whaam! - 1963

Pop culture
Roy Lichtenstein trouve donc son style en ce début des années 60. Il opte pour l'imitation du dessin des bandes dessinées (ou des objets de consommation), avec un trait noir bien épais qui sépare les zones colorées. Il choisit de simplifier au maximum, utilisant ainsi directement les couleurs issues de leur contenant.
Comme on peut le voir ci-dessous, il ne s'agit pas d'une copie d'oeuvres existantes mais bien d'une réappropriation. Dans "Look Mickey", en 1961, l'original est recadré, les paysages supprimés et les couleurs entièrement revues.

L'original, issu de "Walt Disney's Donald-Duck Lost and Found", illustré par Bob Grant et Rob Totten - 1960

D'autres fois l'artiste procède à une simple modification des couleurs de l'oeuvre originale voire au recadrage d'une scène comme pour le tableau "Drowning Girl", en 1963, inspiré par une couverture de comics.


L'original par Tony Abruzzo, issu de Run for Love dans Secret Hearts # 83 - 1962

Pour parfaire son style, Roy Lichtenstein reprend l'idée du "Pointillisme" tout en industrialisant la création des points afin d'obtenir un rendu très régulier.
Roy Lichtenstein ne s'arrête cependant pas sur cette formule. Il change rapidement de sujets d'inspiration. Il peint, sculpte et grave des coups de pinceau, agrandis démesurément.

Brushstrokes - 1965

L'artiste réalise également des paysages ainsi que des natures mortes inspirées de l’œuvre de grands maîtres modernes (entre autres Matisse, Picasso, Mondrian, Cézanne). Il travaille sur le rendu de la réflexion des objets dans un miroir, toujours en utilisant sa technique lisse et mécanique.
Night Seascape - 1966

Cup and saucer II - 1977

Mirror 1 - 1969

Sculpture pop
L'exposition rend justice à la variété des techniques artistiques employées par Roy Lichtenstein, au travers d'une sélection de cent-vingt-quatre tableaux, gravures, sculptures, émaux, céramiques et estampes. L'artiste expérimente tout au long de sa carrière en variant les techniques (sérigraphie, lithographie, gravure sur bois, etc..) et les supports (en utilisant par exemple le Rowlux, un film plastique translucide et miroitant).
Concernant l'application des points, Roy Lichtenstein va explorer de nombreuses méthodes pour en parfaire la régularité. Le mot d'ordre est à l'efficacité, pas question de peindre les points un par un, le pochoir est de mise. L'artiste commence avec des plaques d'aluminium perforées puis passe aux points Ben Day (des calques perforés de série de trous, utilisés en imprimerie). Il utilise ensuite des plaques en carton rouge perforés ainsi que des tamis en papier fabriqués sur mesure. En parallèle il cherche la peinture la plus adaptée aux retouches de bavures et opte pour le Magna, une peinture acrylique facile à enlever avec de l'essence de térébenthine.


 
Photo prise par John Leongard pour le magazine Life -1963

Pop classique
Après les natures mortes, Roy Lichtenstein a poursuivi tout au long de sa carrière les sujets "classiques", peignant des ateliers d'artiste puis des nus féminins et, juste avant sa mort, des paysages de la Chine ancienne.

Cette exposition m'a bien plu, en particulier les sculptures en bronze de la série des miroirs. La lecture du catalogue de l'exposition aide à mieux comprendre la variété des techniques employées et à apprécier l'humour de l'artiste (qui garde un oeil amusé sur le processus de reproduction à l'oeuvre dans son travail).


Bonus
Sur ce blog je parle beaucoup de musique alors voici un clin d'oeil musical à Roy Lichtenstein. Le groupe U2 apprécie l'oeuvre de Roy Lichtenstein et a demandé à l'animateur Run Wrake de réaliser un film à partir de toiles de l'artiste. Ce film était projeté sur scène lors de la tournée Popmart Tour de 1997.
Roy Lichtenstein - Une exposition au Centre Pompidou - Paris - du 03/07 au 04/11/2013 - Compte-rendu de visite Roy Lichtenstein - Une exposition au Centre Pompidou - Paris - du 03/07 au 04/11/2013 - Compte-rendu de visite Reviewed by Concerts expos by Pat on août 21, 2013 Rating: 5

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