L'ange du bizarre - Le romantisme noir de Goya à Max Ernst - Musée d'Orsay - Paris - du 05/03 au 09/06/2013 - Compte-rendu de visite

Le Musée d'Orsay expose la face noire du romantisme. Visions angoissantes, atmosphères macabres, voici révélée au grand jour la plus terrible des créatures : l'être humain.
Prolongation jusqu'au 23 juin!

Johann Heinrich Füssli - La Folie de Kate - 1806-1807


De Goya à Dali
Le romantisme noir a connu de multiples déclinaisons. La variété de ce courant artistique est telle que l'exposition couvre des auteurs très différents, de Goya à Dali, de Victor Hugo à Alfred Hitchcock. Les arts impliqués sont également variés, peinture, gravure mais aussi sculpture et cinéma. La littérature est citée à maintes reprises car, à partir des années 1770, elle cultive un goût prononcé pour les atmosphères terrifiantes et distille le fantastique dans le quotidien. Au XVIIIème siècle, Le mouvement intellectuel du Siècle des lumières a eu comme but de dépasser les superstitions et d'augmenter les connaissances par la science. La Terreur en France, les guerres, encore et toujours, viennent assombrir le tableau. Les artistes font alors surgir la part d'ombre de l'être humain, sa capacité de cruauté et, quoi qu'en dise les Lumières, sa soif de mystère et d'irrationnel.


Francisco Goya - Le vol des sorcières - 1798

Sabbat Noir
Les peintres illustrent un monde macabre, terrifiant. Le bestiaire chrétien est évoqué avec ses sorcières, ses démons (le "Cauchemar" de Füssli), son Enfer (Dante est abondamment illustré). Des visages grotesques déforment les traits humains (Goya). Des paysages grandioses, aux ruines sinistres, rappellent à l'homme sa destinée (C.D. Friedrich, Carl Blechen). L'érotisme pervers de Sade est mis à contribution (les cyanotypes de Charles-François Jeandel). A la fin du XIXème siècle, les peintres renouvellent leurs images. Ils puisent dans la mythologie égyptienne (Sphynx, harpies). Ils remplacent également le visage classique de la femme bienveillante et pure (la Vierge) par des visages de femmes fatales séduisantes et vénéneuses (la seconde révolution industrielle va de paire avec la propagation des maladies vénériennes).

Carl Blechen - Scaffold in Storm - 1834


Jean Delville - L'Idole de la perversité - 1891

Une renaissance entre deux massacres
Les films expressionnistes des années 1920 prolongent l'état de cauchemar éveillé propre au romantisme noir ("Nosferatu" de Murnau, "Les Trois Lumières" de Fritz Lang ou en 1932 l'envoûtant "Vampyr" de Dreyer). Dans les années 1930, les surréalistes remettent au goût du jour le romantisme noir, se reconnaissant dans la mise en avant de l'inconscient (les visions macabres dans "Un chien andalou" mais aussi la fascination pour les immenses paysages, pour le thème du gouffre, pour les difformités). Les films de la Universal mettent en images deux créatures fascinantes, dans "Frankenstein" et "Dracula", issues de deux romans majeurs du XIXème siècle. Les chefs-d'oeuvre du romantisme noir vont alors s'installer dans l'imaginaire collectif.

"Je n'ai pas peur des sorcières, des lutins, des apparitions, des géants vantards, des esprits malins, des farfadets, etc. ni d'aucun autre genre de créatures hormis l'être humain."
Francisco Goya

En résumé j'ai adoré cette exposition. J'y ai retrouvé avec grand plaisir certains de mes thèmes de prédilections (les démons, les paysages désolés, la perversion de l'Homme) ainsi que mes figures favorites (le vampire plus mort que vivant, le Satan mélancolique). L'exposition arrive à synthétiser les caractéristiques principales d'un mouvement sommes toutes très varié. Une très belle exposition avec de très grands noms. Pour ajouter au plaisir les explications sont très intéressantes et les oeuvres très bien mises en valeur (avec de bien belles projections d'extraits de films).

Carlos Schwabe - La Mort et le fossoyeur - 1900

 Jean-Jacques Feuchère - Satan - 1833
Fritz Lang - Les trois lumières - 1921

 Charles-François Jeandel - Femme ligotée - vers 1890-1900

Mon conseil : complétez la visite de l'exposition en allant voir la toile de Gustave Doré (dans la galerie permanente en dehors de l'exposition) qui s'intitule "L'Enigme". Sur un champ de bataille (nous sommes en 1870-1871), un ange supplie le Sphynx de lui révéler la raison de toute cette désolation, de ces cadavres à perte de vue, de ces villes incendiées.

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