Exposition Salvador Dalí – Centre Pompidou – Paris - du 21/11/2012 au 25/03/2013 - Compte-rendu de visite

Salvador Dalí est à l’honneur à Paris. Le Centre Pompidou expose plus de 120 tableaux, dessins, objets, films et documents d’archives. Dalí au Centre Pompidou, c'est une fois tous les 30 ans et ça vaut le détour!

Une rétrospective complète

L’exposition, vaste et bien éclairée, propose de retracer l’ensemble de la carrière artistique du peintre espagnol. On connait surtout Dalí pour ses peintures surréalistes réalisées durant les années 30 et pour son art de la mise en scène de son propre personnage (déclarations fracassantes et cabotinage télévisuel).
L’exposition permet également de découvrir ou redécouvrir les prises de positions politiques provocantes de Dalí, l’importance du rôle de Gala, femme et muse du peintre, le rôle de la psychanalyse freudienne, la prise en compte des avancées technologiques (par exemple la voiture, l’atome, l’ADN), l’utilisation des moyens modernes de communication pour promouvoir son personnage au travers de performances diverses.
Présenter de manière chronologique, l’exposition permet d’appréhender et de mieux comprendre le parcours de Salvador Dalí.
Le Grand Masturbateur - 1929

La terre, le ciel et la mer
Salvador Dalí est né à Figueres, en Catalogne, entre mer et montagnes. Ce paysage va emplir ses toiles. Le ciel dans ses tableaux est un magnifique ciel de bord de mer, plein de nuages élégants ou alors éclairé des couleurs de l’aurore. La mer disparaît souvent des toiles, ne laissant plus qu’un horizon lointain et une vaste étendue de sable. Des montagnes et des rochers viennent casser la monotonie de ces vastes espaces. Se servant de ce paysage comme d’un espace mental, Salvador Dalí rempli cette espace des fruits de son imagination. Même les personnages prennent l’aspect minéral des paysages.
Composition aux trois figures - 1926

Transgressions
Salvador Dalí a une imagination débordante et atypique. Les attributs sexuels sont récurrents, les chairs sont en putréfaction, la vermine (des fourmis surtout) ronge les êtres et les aliments. Il faut dire que la nourriture est importante dans les toiles du peintre (le pain revient souvent).
La rencontre de Dalí avec les surréalistes va l’amener à pousser encore plus loin les inventions visuelles. Ses trouvailles mentales sont nombreuses : visages déformés, corps démembrés, sauterelles, félins, montres molles, brins d’ADN, béquilles, tiroirs, girafes en feu, éléphants aux pattes d’échassiers, j’en passe et des non moins meilleures. 


Tradition

Le coup de génie de Salvador Dalí, à mon sens, est de peindre toutes ces trouvailles visuelles avec un académisme certain. A partir de sa rupture avec les surréalistes, soit proche de son exil en 1940, Dalí éprouve un intérêt croissant pour les influences classiques de la Renaissance.
Après-guerre, le peintre ne croit plus en la révolution mais en la tradition. Il déclare reconnaître la religion catholique comme tradition authentique de l’Espagne et produit alors de nombreuses toiles religieuses.
 
Une histoire du XXème siècle
Salvador Dalí aura été tour à tour anarchiste, socialiste, monarchiste, papiste, puis franquiste. Dans les années 30, le peintre développe un fanatisme exacerbé pour Adolf Hitler dont il déclare admirer la mégalomanie et l’uniforme. Il est fasciné par le personnage, qu’il considère comme un masochiste intégral qui va déclencher une guerre mondiale pour mieux pouvoir la perdre. André Breton finit par exclure Dalí du mouvement surréaliste pour cause de glorification du fascisme hitlérien.
Salvador Dalí opportuniste? André Breton vise sans doute assez juste lorsqu’il surnomme Salvador Dalí avec l’anagramme de son nom : « Avida Dollars ». Salvador Dalí n’a –t-il pas déclaré savoir « offrir le bon miel à la bonne bouche au bon moment au bon endroit ». Il est vrai que le peintre, aidé de sa femme Gala, sait très bien vendre son art et son personnage, s’exilant aux Etats-Unis le temps de la guerre (civile en Espagne et mondiale partout ailleurs) avant de revenir après-guerre en Espagne. Son rapprochement avec le général dictateur Franco cause alors sa rupture avec Picasso.
On peut aussi penser que Salvador Dalí ne croit qu’en lui. Dans ce XXème siècle plein d’utopies, il est son propre idéal. 
Hitler se masturbant – 1973

L'exposition
Comme on le voit, le personnage à lui seul mérite une exposition. Et l’œuvre dans tout ça ?
L’exposition au Centre Pompidou permet d’apprécier l’œuvre dans les meilleures conditions. Les toiles sont très bien éclairées et je me suis régalé en découvrant l’incroyable qualité de la lumière des tableaux. Les toiles sont tout simplement lumineuses. On sent la chaleur, le soleil. Allez voir par exemple le « La Mémoire de la femme-enfant – Monument impérial à la femme-enfant », le rendu de la toile est sans aucune mesure avec une reproduction dans un livre (ou sur un site web). Les nuages sont lumineux, variés, les structures minérales ont un détail savoureux. On découvre que le haut du tableau est dessiné avec un trait extrêmement précis alors que le bas se veut plus flouté. 
La Mémoire de la femme-enfant – Monument impérial à la femme-enfant - 1929

En fait, si la lumière des peintures est belle, les couleurs sont splendides.
L’exposition, chronologique, me fait comprendre que Salvador Dalí ne semble pas avoir la fibre historique. Lorsqu’il peint une toile avec comme sujet la prémonition de la guerre civile (« Cannibalisme de l’Automne »), il montre des corps qui se mangent. Or ses toiles au même moment sont emplies de nourriture. L’Histoire autour de lui me semble n’être là que pour nourrir les propres obsessions de l’artiste.
Cannibalisme de l'Automne - 1936

L’explosion de la bombe atomique à Hiroshima et Nagasaki en 1945 déclenche une crise scientifique et mystique chez le peintre. Les structures moléculaires et atomiques parcourent ses toiles. L’artiste produit également une importante quantité de toiles religieuses, à base de croix et de crucifix, n’hésitant pas à mettre en croix sa propre femme.
L’exposition permet également de profiter d’une réplique de l’installation dite "Mae West". On peut ainsi s’assoir dans le sofa-lèvres de Mae West dans un appartement surréaliste où un plan large permet de découvrir le visage de l’actrice. Excellente idée que de reproduire cette installation dans l’exposition.

Au sortir de cette exposition, j’ai été très impressionné par la qualité exceptionnelle des lumières et des couleurs dans les toiles de Salvador Dalí. Je recommande vivement cette exposition.

Exposition Salvador Dalí – Centre Pompidou – Paris - du 21/11/2012 au 25/03/2013 - Compte-rendu de visite Exposition Salvador Dalí – Centre Pompidou – Paris - du 21/11/2012 au 25/03/2013 - Compte-rendu de visite Reviewed by Concerts expos by Pat on novembre 28, 2012 Rating: 5

1 commentaire

Anonyme a dit…

Très belle expositon et explication